Le développement local ne sera possible qu’avec la gestion participative qui prend en compte les besoins des populations. La restitution du rapport national d’évaluation indépendante a été pré-validée en présence des acteurs.

L’atelier de pré-restitution du rapport national d’évaluation indépendante sur la gouvernance participative s’est tenu à Dakar avant-hier. La décentralisation effective et la bonne gouvernance des affaires publiques locales en sont les moteurs de la gestion participative.

D’emblée, l’experte en décentralisation et gouvernance locale Awa Guèye Thioune, en présentant le rapport de 40 pages, a esquissé un triptyque pour l’effectivité d’une gouvernance participative (une vraie exigence). Il s’agit d’un cadre favorable, des collectivités territoriales fortes à côté de citoyens engagés.

Pour elle, il faut renforcer le statut de l’élu local. Mieux, elle dira que la décentralisation doit être accompagnée de mesures pour faciliter le travail des élus locaux. « La décentralisation est un grand chapeau avec plusieurs portes d’entrée. Depuis 1996, la participation est intégrée dans le Code des collectivités locales (…). Les conseils de quartier sont des espaces de concertation. Il nous reste à prendre un décret pour fixer les modalités. Sans décret, on ne peut pas ériger une réforme en code », a dit la spécialiste. Elle a indiqué que la gouvernance participative n’est pertinente qu’à travers ses outils. « Quand on paye ses impôts, on s’attend à un retour d’investissement avec des services de qualité. A Fribourg, le budget participatif a été expérimenté ; mais les Allemands disent qu’ils ne sont plus prêts à refaire ce mécanisme avec le même niveau de détails », a révélé Mme Thioune, non sans préciser qu’on ne peut pas dérouler des Programmes d’urgence suivant la participation, car l’un exclut l’autre.

D’ailleurs, le rapport mentionne que plusieurs collectivités territoriales se sont appliquées cette rigueur dans la gestion, en s’efforçant de maîtriser l’évolution de leurs dépenses courantes, malgré le fait que, pour la plupart, ces dépenses ont été inflationnistes, un phénomène renforcé par le contexte de la crise économique et sociale.
« Les collectivités territoriales se sont efforcées à maîtriser leurs coûts, sans pour autant faire baisser la volonté de satisfaire les prestations. Elles ont mené une action de proximité et ont ainsi contribué à l’amélioration des modes de gestion et aux innovations dans la réponse aux besoins sociaux », dira la spécialiste.

Mme Awa Guèye a rappelé que l’augmentation des budgets locaux a été pour l’essentiel financée par les concours financiers de l’Etat aux collectivités locales comme en atteste l’évolution du Fonds de dotation de la décentralisation (Fdd) et du Fonds d’équipement des collectivités locales (Fecl). Ces subventions et transferts ont certes augmenté, alors que l’Etat tentait, dans le même temps, de contenir ses propres dépenses. Malgré tous ces efforts, les collectivités locales ont connu ou connaissent encore des situations financières délicates. Il a été rappelé que l’endettement des collectivités locales est resté étroitement surveillé par l’Etat comme pour le cas de la ville de Dakar avec l’emprunt obligataire.

Récompenses
Pour sa part, Bachir Kanouté, coordonnateur exécutif d’Enda Ecopop, a laissé entendre que le Projet du budget participatif Sénégal (BPS) a été lancé en octobre 2015. « Les élus disent qu’on a transféré les compétences sans ressources », a confié M. Kanouté. Il a également souligné qu’il fallait distinguer les meilleures pratiques qui se font dans des coins reculés du pays sans qu’elles ne soient vulgarisées. Pour les encourager, le secrétaire d’Enda Ecopop a dévoilé la tenue d’une cérémonie des meilleurs pratiquants de la gouvernance locale où des distinctions leur seront remises au mois de décembre prochain. Car, constate-t-il, « la culture de l’évaluation n’est pas sénégalaise ».

De son côté, le secrétaire exécutif du Programme national de développement local (Pndl) Mamadou Thiaw a exhorté à une implication des populations dans la gestion de leur cité. « Il faut accepter le pluralisme de la représentation pour avoir le consensus. Le défi, c’est de proposer une solution satisfaisante et non optimale. Rompre avec le cycle de l’exclusion est une innovation porteuse. C’est ce qui va développer des méthodes justes et nourrir l’expérience des uns et des autres », a déclaré M. Thiaw.

Conseiller technique du ministre de la Gouvernance locale, du Développement et de l’Aménagement du territoire, Biram Owens Ndiaye pense à une réduction de la corruption jusqu’à sa plus simple expression. Il a souhaité la confection d’un rapport global sur le mode de fonctionnement des collectivités locales. Il est d’avis que le rapport devrait être validé en décembre. M. Ndiaye pense qu’il est loisible de savoir ce que font les programmes Puma, Pudc, Promovilles, etc.

Pour sa part, Adama Diouf, président de l’Union des associations des élus locaux (Uael), a soutenu que l’inclusion est un enjeu de développement. « Il faut identifier le mal et proposer une solution pertinente », a-t-il confié, tout en souhaitant une pérennisation du projet.

Quant à Falilou Mbacké Cissé, directeur du programme de l’Institut africain de la gouvernance (Iag), il a noté que dans un certain cas, les populations se sont substituées à l’Etat pour tester l’exercice des pouvoirs publics.

 

Lesoleil.sn