« Si on n’expérimente pas le budget participatif, cela pourrait générer une réclamation plus violente des populations », prévient le coordonnateur exécutif d’Enda ECOPOP, Bachir Kanouté, qui présidait la clôture d’une session de formation internationale ce week-end.

Le budget participatif est une approche qui permet aux citoyens de la collectivité territoriale de décider de l’affectation d’une partie du budget d’investissement aux besoins prioritaires définis par les populations et qui seront réalisés, suivis et évalués au cours de l’année suivante. Il concourt à l’avènement des collectivités territoriales socialement mieux intégrées, en permettant aux catégories sociales traditionnellement marginalisées de rompre le cycle de l’exclusion. Pour une meilleure appropriation à l’échelle sous-régionale, l’Académie africaine des collectivités locales (Alga), en partenariat avec Enda Ecopop et la collaboration des Cités et gouvernements locaux unis d’Afrique (Cglua), le programme Onu Habitat et l’Observatoire international de la démocratie participative (Oidp) ont organisé, du 28 juin au 8 juillet, une session de formation internationale au centre de ressources multimédia de Enda. « Cette session de formation rentre dans le processus de développement des capacités d’accompagnement des collectivités locales pour promouvoir la décentralisation en Afrique », explique, en préambule, Mouhamed Bachir Kanouté, coordonnateur exécutif de Enda Ecopop. La formation a regroupé 8 pays : la Guinée, le Burkina, le Ghana, le Cameroun, le Niger, le Mali, le Maroc et le Sénégal qui se sont retrouvés pendant 10 jours, pour 18 participants.

« Cette rencontre capacitance est un moyen de rappeler que le budget participatif obéit à un ensemble de conditions et principes qui le structurent de manière pratique. Des exemples de soi-disant budgets participatifs fleurissent alors qu’il n’en est rien. Ce sont les principes d’inclusion, d’égalité, d’équité qui structurent le budget participatif », a-t-il indiqué. D’après lui, au Sénégal, 75 communes le pratiquent parmi lesquelles la ville de Dakar, la commune de Bambey, celle des Parcelles assainies etc.

« Nous avons mis ce programme depuis un an et demi ; il a un ancrage institutionnel au ministère de la Gouvernance locale. Une douzaine de communes l’avait déjà commencé depuis les années 2005 grâce à l’appui d’Osiwa-Open society initiative west Africa et le Pndl-Programme national de développement local », a laissé entendre M. Kanouté, qui précise qu’à terme, 105 collectivités locales devraient l’expérimenter. « Le budget participatif est une des avancées de l’Acte 3 de la décentralisation qui présente des faiblesses. En Afrique, il se met en œuvre sans grandes ressources », a-t-il déploré. Bachir Kanouté rappelle que le budget participatif n’est pas obligatoire, sauf en Tunisie, où la Constitution, en son article 139, insiste là-dessus. « Dans ce pays, les citoyens ont fait une révolution citoyenne. Nous prenons le pari d’accompagner les Etats africains à devoir articuler cette participation », a-t-il ajouté.

Pour sa part, Alioune Badiane, président du Centre d’excellence pour la réflexion et l’action urbaine en Afrique, a invité les 18 participants à partager les connaissances acquises lors de la session, une fois arrivés chez eux. « Vous devez faire le compte-rendu ; nous sommes prêts à vous accompagner afin que vous puissiez engager vos maires dans l’élaboration du budget participatif », a exhorté M. Badiane, qui demande à ces derniers d’être des moyens de veille.

 

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