L’Institut fondamental d’Afrique noire de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar a renoué, hier, avec son cycle de séminaires de recherche sur les politiques culturelles au Sénégal. Pour les panélistes, la territorialisation des politiques culturelles s’impose comme alternative pour assurer le développement des industries créatives locales.

La décentralisation des politiques culturelles au niveau de la base peut jouer un rôle crucial dans le développement de la créativité locale. En même temps, elle peut permettre à l’industrie culturelle d’assurer pleinement son rôle dans le développement économique et social des collectivités. Au Sénégal, a rappelé, hier, le directeur du Musée des civilisations noires, jusqu’à présent, dans les politiques culturelles, les décisions viennent du sommet. Hamady Bocoum animait un débat dans le cadre des séminaires de l’Institut fondamental d’Afrique noire (Ifan), sur le thème : « Territorialisation de la politique nationale et de développement de la culture ».

D’après lui, la territorialisation est une opportunité pour les collectivités de développer des actions culturelles et de les faire remonter au sommet.  L’archéologue a insisté sur la nécessité d’impulser l’action culturelle à partir de la base. Cette démarche, a-t-il ajouté, peut aider à faire des inventaires de « nos » patrimoines matériels et immatériels. « Je pense qu’avec cette démarche, on a plus de possibilités d’avoir des produits fidèles parce que élaborés à partir de la base. Mais, pour cela, il faut aider les collectivités à avoir les instruments qu’il leur faut pour réaliser ce travail », a déclaré M. Bocoum.

Si l’industrie culturelle constitue un facteur de développement local, en contribuant à l’économie des terroirs en tant que moyen de lutte contre la pauvreté et de création d’emplois, elle se heurte actuellement, a expliqué, Babacar Ndiaye, conseiller aux Affaires culturelles et consultant en Gestion de projets, au manque de compétences techniques à la base.

Aux yeux de l’expert, il n’y a pas suffisamment de formation pour prendre en charge le processus au niveau de toutes étapes. A cela s’ajoute l’absence d’une véritable politique volontariste de promotion, des infrastructures adaptées et un environnement favorable à la valorisation et la circulation des produits culturels.  Les biens et services culturels à l’image de la musique, du cinéma et de l’audiovisuel ne sont pas suffisamment valorisés.

Aujourd’hui, même si ce problème est inhérent à l’ensemble des industries des autres secteurs, elle constitue le principal goulot d’étranglement de la politique culturelle au niveau des terroirs. « L’industrie culturelle constitue un gisement important d’emplois. Elle peut créer une valeur ajoutée extrêmement intéressante. Je pense qu’on doit mettre en place des dispositifs d’accompagnement de formation, de gestion et d’accès au crédit pour impacter l’économie locale dans nos quartiers où trois quart des emplois sont issus des industriels culturels », a-t-il indiqué.

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