Dans une interview qu’il a accordée à Actusen.com, le maire de Dahra Momar Ndiaye est revenu sur le choix de la commune de Dahra pour présenter les résultats obtenus.

L’ex Président du Conseil d’Administration de l’Office national de l’Assainissement du Sénégal(ONAS), après avoir présenté son bilan à mi-parcours, s’est dit optimiste à propos des perspectives du Haut Conseil des Collectivités territoriales. Entretien!

Actusen.com : Lors d’un Atelier national portant sur la validation de la nouvelle grille de mesure des performances des Collectivités locales, la Commune de Dahra a été choisie par le Comité national pour présenter les résultats obtenus. Quelles sont vos impressions ?

M.ND : Cet Atelier avait comme objectif principal la validation de la nouvelle grille de mesure des performances d’une Collectivité locale. Il y a quelques mois, quarante-cinq Communes avaient été retenues pour évaluer ce nouveau système harmonisé de mesure des performances des Collectivités locales. Quand il a fallu valider cette nouvelle grille d’évaluation, le Comité national a choisi la commune de Dahra pour présenter les résultats obtenus dans notre commune.

Ce système repose  sur l’évaluation de la collectivité locale, département ou commune, dans trois domaines. Le premier domaine, c’est la capacité de la commune à satisfaire les besoins prioritaires des populations. Le deuxième domainevise à évaluer la capacité de pilotage institutionnel technique et financier. Le troisième domaine consiste à évaluer la participation citoyenne dans la gestion des affaires. Des critères et des indicateurs notés sur 100 ont été retenus pour évaluer le fonctionnement de la collectivité.

Les résultats obtenus par Dahra se présentent comme suit : 13,5 sur 20 pour le premier domaine ; 40,5 sur 57 pour le deuxième domaine et 19 sur 23 pour le troisième domaine, soit une note de 73 sur 100.

Après exploitation des 45 grilles des collectivités locales qui étaient retenues, le comité national a estimé que celle de Dahra pouvait servir de modèle pour permettre aux participants à l’Atelier national d’examiner et de valider ce nouvel outil d’évaluation des performances d’une collectivité en vue de son exploitation dans toutes les collectivités du pays.

A la suite de la présentation du nouvel outil et des résultats obtenus dans les 45 collectivités retenues pour le test, notre Secrétaire municipal, Massamba THIANE, a présenté et commenté la grille et le plan d’actions de notre commune.

Cette grille d’évaluation permet de faire un diagnostic approfondi de la commune. Elle nous a permis d’identifier les points faibles de notre collectivité.

Nous avons exploité ce diagnostic et utilisé la nouvelle méthode de planification pour élaborer, avec le concours de l’ARD et les services techniques régionaux et locaux un Plan de Développement communal, pour la période 2016/2021, qui sera approuvé dans les meilleurs délais par le conseil municipal.

La note obtenue n’est pas très importante, mais c’est le nouvel outil d’évaluation des collectivités locales qui permet d’élaborer un plan d’actions pour corriger les manquements identifiés qu’il faut saluer. Nous avons constaté que Dahra est une commune relativement bien gérée depuis sa création, qui a toujours disposé d’un Plan d’investissement communal, mais qui rencontre des difficultés dans la mobilisation de certaines ressources propres, notamment celles provenant de la fiscalité locale.

Par ailleurs, nous devons avoir une nouvelle vision du développement économique et local basée sur les atouts de notre commune.

Le plan d’actions devrait nous permettre de renforcer la capacité des commissions, former le personnel dans la maitrise de l’outil informatique, améliorer l’archivage des documents, mettre en place une meilleure politique de communication afin de rendre visible les programmes et les réalisations, régler les problèmes d’accès pour les personnes à mobilité réduite et améliorer la mobilisation des ressources propres notamment celle relatives aux impôts locaux.

Avec la validation de la grille de mesures des performances des collectivités locales, la Direction des collectivités locales, la Direction de la Promotion de la bonne gouvernance et des structures comme le PNDL ou l’ADM ainsi que nos partenaires techniques et financiers disposent dorénavant d’un outil permettant d’évaluer objectivement une collectivité locale.

Il convient, enfin, d’attirer l’attention de mes collègues maires que le renseignement de 50 indicateurs, pour évaluer objectivement le fonctionnement d‘une Collectivité locale, demande une disponibilité de l’équipe municipale pour répondre à toutes les questions, la disponibilité de toutes les informations archivées au niveau de l’administration communale et une franche et loyale collaboration de tous les acteurs concernés.

C’est la raison pour laquelle nous devons remercier le Comité national qui a choisi la commune de Dahra pour présenter sa grille de mesure des performances  et surtout féliciter le Comité régional qui a été mis en place et qui a fait  le suivi de ces évaluations en séjournant à plusieurs reprises à Dahra pour aboutir au rapport sur le diagnostic du fonctionnement de la commune.

Actusen.com : Pouvez-vous nous faire votre bilan à mi-parcours ?

M.ND : Il ne s’agit pas de mon bilan, mais de celui de l’équipe municipale assistée d’une administration et de partenaires techniques et financiers au niveau local, départemental et régional voire national.

Le bilan à mi-parcours est satisfaisant, puisque nous avons mis l’accent sur les principales préoccupations des populations identifiées lors de la campagne électorale : l’eau et l’électricité.

Il convient de signaler que le Conseil municipal a décidé, en 2016, de réorganiser la Commune,bqui comptait six quartiers depuis sa création en octobre 1990, en dix `quartiers, compte tenu de la croissance démographique exceptionnelle notée au cours des sept dernières années.

En effet, avec le plus grand marché hebdomadaire des bovins du Sénégal, organisé au foirail et le louma organisé au niveau de la place publique, beaucoup d’éleveurs disposent d’un domicile à Dahra.

Le centre socio-collectif financé par l’ADM pour 100 millions de FCFA avec une contribution sur fonds propres de la Commune de 10%, est terminé et sera opérationnel en décembre 2016.

Nous allons procéder, dès que l’électricité est installée,  à l’ouverture du poste de santé du nouveau quartier de Nguenenène qui a été réalisé par l’équipe municipale précédente, afin d’améliorer la couverture médicale de la population.

Pour l’électricité, nous avons réalisé, sur fonds propres, des investissements de  l’ordre de 30 millions en 2015 pour une extension du réseau sur 2,5 km pour  compléter l’électrification des 4,5 km qui n’étaient pas connectés au réseau et procéder à l’éclairage de tout ce réseau, grâce à l’installation d’un nouveau poste de transformation.Cette extension du réseau de la SENELEC permettra à beaucoup de familles de plusieurs quartiers de disposer de l’électricité.

Par ailleurs, Monsieur Aly Ngouille NDIAYE, ministre de l’Industrie et des Mines, nous a installé des projecteurs au Stade Bassirou Sidy NDIAYE, permettant à l’ASC Dahra et aux 26 ASC des Navétanes de jouer en nocturne pour éviter la pratique des compétitions sous une forte chaleur. C’est  un investissement estimé à plus de 15 millions de FCFA.

En outre, nous avons bénéficié d’un programme de CARITAS initié par notre frère Aly Ngouille NDIAYE. Sur ce programme qui concerne plusieurs communes du Département de Linguère, Dahra a obtenu 45 millions qui  nous ont permis de réaliser une extension du réseau d’adduction d’eau potable sur un périmètre de 14km. Nous profitons de cette opportunité pour lui adresser, au nom des populations de la Commune, nos sincères remerciements.

Sur fonds propres, la SDE procède actuellement à l’installation de 12 bornes fontaines au niveau des quartiers périphériques, pour 14 millions de F Cfa environ. Cet investissement vient compléter l’important programme de branchements sociaux pour environ 150 concessions, facilité par la mise en service du nouveau château d’eau inauguré en début 2016 par le ministre chargé de l’Hydraulique et de l’Assainissement.

C’est pourquoi, nous pensons que les deux problèmes majeurs des populations  que sont l’eau et l’électricité, sont en voie d’être réglés.

En outre, la route, qui traverse la Commune, dont l’éclairage sera amélioré avec la SENELEC, est en train d’être élargie au niveau de la Commune dans le cadre de la réhabilitation de la route nationaleTouba-Dahra-Linguère.

C’est dans ce cadre que la Société Henan Chine, en accord avec l’Ageroute,va bitumer 5,5 km dans notre commune, en plus de la bretelle qui va de la route nationale au marché au poisson sur la route allant vers Mbeuleukhé. Cela permettra aux quartiers Médina Ndiaye, Loumbal, Thiengue Dakhar, Angle l’Islam et Nguenénène de ne plus souffrir de la poussière de cette route réalisée en latérite il y’a quelques années.

Nous avons aussi procédé à l’extension du parc des petits ruminants du foirail à hauteur de 13,5 millions financé par le PADEL/PNDL et construit un marché au poisson de 13 millions dans le cadre de la mise en œuvre du Système d’Analyse financière et institutionnelle des collectivités locales expérimenté dans notre commune.

Pour l’éducation, nous avons clôturé deux écoles primaires à Angle l’Islam et à Ndiobène et construit et réhabilité plusieurs salles de classes à Dahra Mbayène  dans le cadre du budget consolidé d’investissement.

Il convient de souligner que, depuis 2014, nous mettons à la disposition des 15 écoles primaires les fournitures scolaires et des produits de nettoiement, avant l’ouverture des classes, à partir des fonds de dotations pour 14 millions environ chaque année.

L’évaluation des besoins, la réception et la distribution de ces fournitures sont assurées par un comité présidé par mon Premier adjoint et comprenant le Secrétaire municipal, le Directeur des services techniques, les membres de la Commission Education et formation, les Directeurs d’Ecoles, les représentants des Comités de gestion et des parents d’élèves.

De même, nous accordons, chaque année, en fonction des possibilités financières, des subventions à toutes les ASC ainsi qu’aux étudiants ressortissants de notre commune.

Le marché du quartier Angle Islam sera également clôturé en 2016, pour environ 7 millions de F Cfa. Il convient de noter que nous accordons la plus importante part des fonds de dotations à la santé pour 20 millions F Cfa environ.

De même,  la radiographie et le bloc opératoire ont été réhabilités. C’est ainsi que beaucoup d’interventions chirurgicales peuvent maintenant être réalisées dans le Centre de Santé Elisabeth Diouf, évitant aux populations de se rendre à Linguère, Louga ou Touba.

Une ferme pilote est cours de construction dans notre commune. Nous souhaitons ne pas rencontrer les mêmes les difficultés quelors de la dévolution des abattoirs de Dahra afin que cet important investissement soit utile pour le développement de l’élevage dans le département de Linguère.

Dans le cadre du budget participatif, les conseils de quartiers seront installés dans les quatre nouveaux quartiers de la Commune compte tenu de la place que nous accordons à la participation citoyenne.

Avec le Programme d’Urgence pour le Développement communautaire du matériel destiné à l’allègement des travaux des femmes dans certains quartiers est réceptionné à la mairie et sera livré dès la formation des utilisateurs et la mise en place des comités de gestion. Il s’agit de presses à huile et de moulins à café.

La salle des délibérations de la mairie est en train d’être réhabilité, en vue d’améliorer les conditions de travail du Conseil municipal, du personnel et des commissions avec l’acquisition de climatiseurs, d’ordinateurs, d’un rétroprojecteur, d’une sonorisation, d’un tableau Padex et de 100 chaises de qualité.

Nous sommes en train de nous pencher sur l’épineux problème de la gestion des ordures ménagères puisque les dépôts sauvages, qui avaient été nettoyés grâce l’intervention du Programme de gestion des Déchets en fin 2014, se sont reconstitués à  l’entrée de la Commune et dans certains quartiers et particulièrement aux anciennes carrières à côté de l’école municipale Boucar Boydo Kâ .

Enfin, le Plan de Développement communal qui sera bientôt approuvé par le Conseil municipal en décembre 2016, pour la période allant de 2016 à 2021 va nous permettre de réaliser d’autres investissements dont le plus important est cette vieille demande des populations et surtout du Comité départemental des Courses hippiques du département de Linguère dont le siège est à Dahra.

 

Actusen.com : En quoi, le Haut Conseil des Collectivités territoriales peut booster le développement des communes ?

M.ND : Nous avions estimé, lors de la campagne électorale sur le Référendum, que cette  institution pourrait jouer un rôle extrêmement important pour la prise en compte des préoccupations de Collectivités territoriales. Ses membres sont en majorité des représentants des Collectivités locales. Le Président de la République, qui vient compléter les membres en choisissant des personnes ressources de qualité, a par ailleurs,fait un bon choix en désignant Monsieur Ousmane Tanor Dieng pour diriger la nouvelle institution.

Je profite de l’occasion pour féliciter les Hauts conseillers ressortissant du Département de Linguère que sont les Maires Coumba DIAW de Sagatta, Maham KA de Thiargny, Aliou DIA de Mbeuleukhé et Birame BA de Kamb.

Le HCCT est une assemblée consultative qui a pour mission d’étudier et de donner un avis motivé sur les politiques de décentralisation, d’aménagement et de développement du territoire.

Par conséquent, ses membres devraient se pencher sur tous les problèmes rencontrés dans la mise en œuvre de l’acte 3 de la décentralisation en vue parfaire la nouvelle politique en matière de décentralisation.

En outre, en réfléchissant sur le statut de l’élu local, les relations entre les collectivités territoriales, le statut de la fonction publique locale, les relations entre les pouvoirs décentralisés et les pouvoirs déconcentrés, l’aménagement du territoire, les problèmes fonciers, la fiscalité locale, le financement des compétences transférées, la coopération décentralisée, le partenariat public privé et la bonne gouvernance locale, les Hauts conseillers ont suffisamment de matières  pour faire des recommandations pertinentes, au Chef de l’Etat, pour améliorer le fonctionnement et assurer le développement des collectivités territoriales au cours des cinq prochaines années.

Les recommandations approuvées par le Chef de l’Etat devront faire l’objet d’un suivi permanent pour leur application par tous les acteurs concernés en vue de booster le développement de toutes les collectivités territoriales.

Nous pensons qu’ils ne ménageront aucun effort en vue confirmer les résultats attendus de cette bonne vision de son Excellence, Monsieur Macky SALL, Président de la République.